La colline aux coquelicots (Kokuriko-zaka kara)

En apprenant que Gorô Miyazaki allait être chargé du film Ghibli suivant Karigurashi no Arrietty (Arrietty – Le petit monde des chapardeurs), je dois bien avouer ne pas avoir été des plus enthousiastes. Il faut bien dire que Les contes de Terremer (Gedo Senki) est bien loin d’être mon Ghibli préféré. Ou plus simplement, c’est celui que j’aime le moins. Je garde un souvenir amer de ma découverte du film au cinéma, me souvenant en être sorti en me disant… « oui, et ? »

Ceci dit, cette fois, le fils Miyazaki était bien accompagné. C’est son père qui s’est chargé, tout comme pour le Arrietty de Hiromasa Yonebayashi l’an dernier, du scénario de son nouveau film, adaptation libre d’un manga nommé Kokuriko-zaka kara, traduit en français par La colline aux coquelicots.

Dans les années 60, au Japon, la jeune Umi hisse tous les matins des drapeaux sur le mat se trouvant près de sa maison, afin de faire signe à son père disparu pendant la guerre de Corée. Elle se retrouve embarquée dans un mouvement des élèves de son lycée qui se réunissent pour protester contre la disparition de leur foyer, nommé le Quartier Latin. Elle y rencontre notamment Shun Kazama, un garçon en charge du journal de l’école, et se prend rapidement d’affection pour lui…

La colline aux coquelicots est beau. Ca peu paraitre évident venant des studios Ghibli, mais des premiers paysages que l’on découvre à des flashbacks donnant droit à des dessins à l’aspect un peu plus crayonné à l’animation de l’héroïne en train de nouer ses nattes, le film est un plaisir pour les mirettes. Un calme et doux plaisir.

C’est un plaisir à écouter aussi. La musique de Satoshi Takebe n’est pas aussi omniprésente que celle de Cécile Corbel l’était dans Arrietty l’an dernier, mais elle est toujours juste, et souligne avec justesse les différentes scènes de la série. J’ai particulièrement noté plusieurs scènes de flashback / rêves dans lesquelles une simple note de piano semblait faire toute la différence… Beaucoup de chansons agrémentent également le film. Elles vont en deux types, les chansons se jouant en arrière-plan, chantées par Aoi Teshima (qui doublait et chantait Teru dans Gedo Senki), par exemple pour illustrer Shun et Umi marchant côte à côte dans la rue, et les diverses chansons des élèves du lycée, qui reviennent plusieurs fois au cours du film.

Bref, le film est beau, et a une belle bande son… mais il a surtout une jolie histoire à raconter. Une histoire qui se place dans un contexte qui semble être celui d’une nostalgie d’une époque que le réalisateur lui-même n’a pas connu, mais qui ne touche pas moins pour autant. Une jolie histoire d’amour et de famille qui ne laissera pas indifférent, et qui est fort habilement réalisée. Une plongée dans un Japon des années 60 qui nous entraîne avec joie dans le quotidien d’élèves amoureux de leur foyer, au milieu de leurs chansons et activités farfelues.

Oui, Gorô Miyazaki a réalisé avec La colline aux coquelicots un film qui est véritablement un plaisir à voir, qui est touchant, qui est juste, et qui raconte une belle histoire. Quelques accrocs dans la réalisation (une scène de flashback sort vraiment de nulle part) n’entachent que bien peu La colline aux coquelicots, qui est un bon film que je ne peux que vous conseiller de découvrir lorsqu’il sortira au cinéma.

Je ne peux cependant m’empêcher de me demander s’il est juste de faire travailler les jeunes réalisateurs de Ghibli sur des projets qui semblent bien plus être des histoires qui tiennent à coeur à leurs ainés que d’eux mêmes : c’était Hayao Miyazaki qui voulait adapter The Borrowers pour en faire Arrietty, et ce n’est sûrement pas Gorô Miyazaki qui a la nostalgie d’une époque qu’il n’a pas connu (surtout que l’action du manga Kokuriko-zaka kara se situe dans la fin des années 70, pas dans les années 60 comme le film). Le studio Ghibli, perdu dans sa quête d’un nouveau Miyazaki, ne ferait-il pas bien mieux de les laisser la voie… complètement libre ?

Pour autant, peut-on se plaindre du résultat ? Si j’ai des reproches à faire à Arrietty, il n’en était pas moins un bon film (sa première partie particulièrement), et La colline aux coquelicots est encore un rang au dessus. Si la qualité de Gorô Miyazaki en tant que réalisateur se reflète sur ce film plus que dans Terremer, alors j’ai hâte de découvrir ses prochains projets. En espérant qu’il se soit bien réconcilié avec son père et que leurs problèmes ne se refléteront plus dans son travail… même si, quand on l’entend parler de « Miyazaki Hayao » (et pas « mon père » ou autre) lorsqu’il présente son film, on peut avoir quelque doutes.

La colline aux coquelicots sortira dans les salles obscures françaises  le 11 janvier 2012, mais était projeté en présence de Goro Miyazaki ce 14 novembre en avant-première à l’UGC des Halles de Paris.

Note que je ne savais pas où placer : Tout le long du film, l’héroïne est surnommée « Meru » par ses amis, et il me semblait bien que ça n’était pas son nom de famille… Bah oui, c’est « Meru » pour « Mer », à savoir ce que signifie son nom, « Umi ». J’avais pas réussi à faire  la connexion avant l’article de Kamui.

Edit : Oh, puis Pazu me fait remarquer que j’ai complètement oublié de citer l’article de Exelen sur le film. Tant que ça ne l’empêche pas de regarder Full Metal Panic!

FFenril Écrit par :

Otaku. Gamer. Guitariste amateur. En live Twitchpresque toutes les nuits à partir de 0h! (((o(*°▽°*)o)))

7 Comments

  1. 17 novembre 2011

    ( Ils nous avaient déja fait le coup avec Howl qu’ils avaient nommé Haoru :p )

  2. 17 novembre 2011

    A propos de ta note – toujours le truc le plus important tu as vu? -, c’était expliqué dans l’article publié par Exelen en juillet, un article pas spoiler free cependant…

  3. 17 novembre 2011

    NiKi > ou Ged, que tout le monde semble décidé à appeler Gedo pour une raison qui me dépasse.

  4. Ialda
    18 novembre 2011

    Gedou Senki, hi hi.
    Je déconne en partie, en tant que lecteur du cycle de bouquins j’ai plutôt bien apprécié la relecture (mineure) de Ged et de Tenar en tant que personnages « à la Miyazaki », avec Yupa en modèle pour le premier et la mère de famille Miyazakienne type pour la seconde.

    Pour Kokuriko-zaka kara, papa tenait quand même bien fiston à la culotte en réalisant le screenplay. Et il semblerait que Akihiro Yamashita ait plus qu’un petit peu aidé Goro avec son storyboard.

  5. 20 novembre 2011

    J’aime bien les douceurs rapporté dans la retranscription chez Buta du doc NHK de la préparation du film. Morceaux choisis:

    « Le lendemain, Suzuki parle avec franchise à Gorô en lui disant que si le film continue sur cette voie, le studio ne pourra pas le sortir en l’état »

    « H. Miyazaki: Est-ce qu’il a dessiné à partir des dessins de Gorô?
    Un collaborateur : Oui
    H. Miyazaki: Ah ! C’est pour ca que c’est nul. Comment on va faire? »

  6. 21 novembre 2011

    Oh effectivement, à la lecture de l’article, ça a l’air vraiment gentillet tout ça :)

  7. 22 novembre 2011

    « même si, quand on l’entend parler de « Miyazaki Hayao » (et pas « mon père » ou autre) lorsqu’il présente son film, on peut avoir quelque doutes. »
    → C’est une marque de respect, justement. Les Japonais n’aiment pas utiliser les pronoms personnels.
    Sur Wikipédia : « Thus, the first-person pronoun is usually only used when the speaker wants to put a special stress on the fact that he is referring to himself, or if it is necessary to make it clear. »

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