Summer Wars, de Mamoru Hosoda

Cet article parlant du film de manière relativement généraliste, vous pouvez le lire sans craintes pour les spoils (autres que de l’exploration des éléments du synopsis). Et la plupart des bêtises bien peu françaises qui plombaient le texte à sa publication ont été supprimées.

Ce mardi 23 février, Mamoru Hosoda était présent à l’UGC Ciné Cité les Halles de Paris pour présenter son film Summer Wars en avant-première plus de 3 mois avant la sortie officielle française.

Mamoru Hosoda, avant Summer Wars, aurait pu être révélé au grand public en réalisant Le Chateau Ambulant s’il n’avait pas quitté le projet suite à des problèmes avec Ghibli. Sa filmographie n’est pourtant déjà plus des moindres : Il a réalisé des épisodes des séries Ojomajo Doremi et Digimon Adventure, ainsi que par la suite 2 films Digimon (Digimon Adventure et Bokura no War Game, durant respectivement 20 et 40 minutes, qui furent comprimés avec un troisième film pour donner un… mix batard sorti en occident). Par la suite, c’est par l’excellent 6ème film de One Piece : Omatsuri Danshaku to Himitsu no Shima qu’il se fit remarquer, avant de réaliser Toki wo Kakeru Shôjo, (sorti en France en 2007 sous le nom La Traversée du Temps) qui fit sensation et rendit le réalisateur bien plus connu et populaire sous nos latitudes. Son Summer Wars était donc attendu au tournant…

Dans un futur proche, Oz est un monde virtuel sans limites. Tâches administratives, jeux, travaux, communication… On peut tout faire via Oz, et plus d’un milliard de personnes utilisent ce réseau. Kenji, un jeune garçon qui travaillait sur des tâches secondaires de Oz, arrête ce travail pour aller aider sa senpaï, Natsuki, pour un petit boulot pendant quelques jours de l’été. Une fois parti avec elle, il arrive dans un énorme domaine où il rencontre les membres de la grande, grande famille de Natsuki rassemblés pour fêter l’anniversaire de la matriarche de la famille, fêtant ses 90 ans. A la grande surprise de Kenji, Natsuki le présente à sa famille comme étant son petit ami, suite à une promesse qu’elle avait faite à sa grand-mère. Dans le même temps cependant, le réseau Oz est hacké, et le monde se retrouve en proie au chaos…

Summer Wars, comme on le sent au synopsis, a comme thème principal l’un des thèmes préférés de Mamoru Hosoda : le net, le monde digital, les réseaux sociaux. En fait, le film est très facilement comparable au film Digimon Bokura no War Game sur ce point, tant la représentation du monde digital y est similaire; mais aussi tant certains rebondissements en sont directement repris.

Pourtant, Summer Wars est beaucoup, beaucoup plus qu’une simple upgrade de Bokura no War Game. Bien plus riche, il y associe d’autres thèmes, plus d’humour, et un impact émotionnel bien plus important. Le second thème du film, en effet, est bien différent des éléments que l’on peut trouver dans les films de Hosoda, étant donné que Summer Wars traite de la famille. En fait, autant la (superbe) affiche du film peut faire croire que l’héroïne du film sera Natsuki, autant à le regarder on se rend bien compte que, « le héros »… C’est bien la famille Jinnouchi. Chacun des personnages a son petit rôle à jouer dans l’histoire, mais aussi sa manière de percevoir les événements s’y déroulant; et c’est agréable de voir un cast si bien utilisé. Par exemple, comment les plus agés peuvent-ils comprendre que ce qu’il se passe dans le film sur l’ordinateur de leurs enfants puisse être autre chose qu’un jeu ? Chaque « héros » est travaillé, surtout que, même si seuls quelques uns sont véritablement utilisés, ils ont tous leurs alter-egos dans le monde virtuel de Oz.

Parlons-en justement du monde de Oz. Monde virtuel réseau social parfait (sauf dans sa sécurité « parfaite » craquable en 10 minutes), il est intégré dans le film comme un élément de la vie de tous les jours et; alors que chacun des passages du film dans ce monde est une expérience pour les yeux du spectateur; il est parfaitement intégré par les personnages de Summer Wars comme un élément du quotidien. Comme Mamoru Hosoda le déclare, son film n’est pas un avertissement de plus sur les dangers d’internet ou des réseaux sociaux. Lui-même avide utilisateur de Twitter, il a construit un film d’action en partant de ce postulat : l’action se déroule à la fois dans le monde réel et numérique, et y sont mis en avant à la fois les liens que l’on peut avoir avec une communauté virtuelle et les liens que l’on peut avoir avec sa famille… Sans montrer aucune préférence pour l’un des deux. En bref, ce grand réseau social, Oz, n’est pas diabolisé, là où le scénario « habituel » serait celui de l’entreprise manipulant Oz à ses propres fins et s’en servant pour contrôler la société, et où la morale serait « les liens sur internet, c’est virtuel, faites-y attention ».

Techniquement, le film est un sans-fautes. Comme pour TokiKake, Yoshiyuki Sadamoto (Evangelion) a assuré le character design du film… Du moins pour la partie « réelle », étant donné que d’autres character designers ont travaillé sur les personnages de Oz (Mamoru Hosoda a cité celui qui a réalisé le character design de King Kazma, mais son nom m’échappe). L’animation est belle, fluide et particulièrement jolie à voir durant les scènes d’action dans Oz… Bref, c’est un bonheur pour les yeux de découvrir le monde de Summer Wars. Auditivement parlant, on ne ressent pas pour Summer Wars la préférence que Mamoru Hosoda semblait présenter dans ses précédents films pour la musique classique, et le film manque peut-être à ce titre d’un thème fort, hors de son générique, Bokura no Natsu no Yume.

Finalement, Summer Wars est tout simplement un film incroyablement fun. L’enchainement des rebondissements du film entrecoupés de traits d’humour (prêtant véritablement à éclater de rire et pas simplement à sourire) se fait à un rythme effrené, devant lequel le spectateur est comme hypnotisé pendant quasiment deux heures. Drôle, émouvant, amusant, intéressant, prenant… Summer Wars est l’un des films d’animation japonaise les plus agréable à voir qui soit, rivalisant sans problème, en film grand public, avec les productions Ghibli.

Enfin, sur cette avant-première de Summer Wars, on pourra décerner un bon point au public très réceptif (malgré un staff UGC incapable de prononcer « Mamoru Hosoda » correctement) qui s’est levé pour applaudir le réalisateur à la fin de la séance et a posé d’intéressantes questions durant la (courte) séance de questions-réponses; séance qui a été l’objet de quelques questions insolites : Devant un public hilare, Hosoda a justifié pourquoi on ne voyait que des DS et pas des PSP dans son film (il est fan de Nintendo et connait Shigeru Miyamoto), mais a aussi parlé de la similitude des mondes digitaux de Summer Wars et de ceux de Superflat Monogram (court-métrage réalisé pour Louis Vuitton) et Bokura no War Game. Pour finir, Mamoru Hosoda a aussi parlé de son prochain film, auquel il commence juste à réfléchir, mais pour lequel il pense mettre un peu de côté le digital et l’internet, et réduire le nombre de personnages comparé à Summer Wars, qui a effectivement un cast relativement gigantesque.

Enfin, après ces quelques questions, Mamoru Hosoda s’est éclipsé pour mieux aller s’installer dans un coin de l’UGC et répondre aux sollicitations de ses fans avides de dédicaces.

En bref, Mamoru Hosoda est un réalisateur génial et on ne peut plus sympathique, et Summer Wars était un film superbe. Ne le manquez pas, dès le 9 juin dans les salles françaises !

FFenril Écrit par :

Otaku. Gamer. Guitariste amateur. En live Twitchpresque toutes les nuits à partir de 0h! (((o(*°▽°*)o)))

4 Comments

  1. 25 février 2010

    Hosoda a même pas parlé de ce qu’il a mangé en France sur son twitter, je suis déçu.

  2. Ialda
    25 février 2010

    Maintenant on sait où partent les bénef de Kaze : dans la collection d’art-books de Cedric Littardi !

  3. Hundredfire
    17 avril 2010

    Superbe film sur les thématiques de la famille, de l’amitié (et des jeux-vidéo ^^). Après avoir eu un coup de coeur pour sa « Traversée du temps », Mamoru Hosoda prouve ses talents avec ce long-métrage dont les subtilités scénaristiques émerveillent et dont la qualité de l’animation ne fait qu’ajouter à la réputation des studios Madhouse.
    Par contre, je dois admettre que je ne suis pas du même avis que l’auteur sur l’ost. Même si Akihiko Matsumoto s’est peut-être laissé à la musique expérimentale sur les quelques thèmes « technos » (pistes 5 et 7 par exemple) que l’on peut entendre pendant les quelques scènes d’action, les « accents themes » (pistes 15, 17 et 18 de l’ost) ont une mélodie très soulignée et impriment véritablement l’optimisme et l’espoir dans les scènes clés.
    J’ai personellement adoré ce film en version originale et n’hésiterait pas à le revoir (une énième fois) en salles cette fois, en espérant que le doublage sera à la hauteur. Rendez-vous le 9 juin à tous les fans de bons et beaux film d’animation

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *