Hommage à Satoshi Kon : Millennium Actress, Perfect Blue, Tokyo Godfathers, Paprika…

La nouvelle a été confirmée par Masao Maruyama, fondateur du studio Madhouse : Satoshi Kon, réalisateur de Perfect Blue, Millenium Actress (Sennen Joyû), Tokyo Godfathers, Paranoia Agent (Môsô Dairinin) et Paprika est mort à 46 ans des suites d’un cancer.

Je ne prétendrai pas être un fan ultime de Satoshi Kon, n’ayant découvert son oeuvre que récemment, en visionnant Millenium Actress chez un collègue de Mata-web. Pour autant, avec cette triste nouvelle, j’aimerais vous inciter, si ça n’est pas déjà fait, à regarder les films de ce grand réalisateur. Je vous propose de vous en parler rapidement dans l’ordre dans lequel je les ai découverts ;

Millenium Actress (Sennen Joyû – 2001)

Millenium Actress, de son titre original Sennen Joyû, est le film par lequel j’ai découvert Satoshi Kon. Probablement mon préféré.

Millenium Actress est l’un des films d’animation les plus émouvants qu’il m’ait été donné de voir ; il narre l’histoire de Chiyoko, une actrice à la retraite qui se voit interviewée par un journaliste voulant faire sa biographie. Et ainsi nous plongeons en compagnie de ce journaliste (et de son caméraman) dans la vie de Chiyoko : Son enfance, ses films, ses épreuves, sa vie…

A la réalisation, le travail de Satoshi Kon est simplement incroyable : La narration fait voltiger le spectateur entre des flashbacks qui s’entrecroisent et se retrouvent mélangés à des scènes de films, le tout ayant parfois un lien avec le présent… Et toutes ces transitions ne perdent absolument pas le spectateur, qui assiste à la manière dont la jeune enfant Chiyoko est devenue une actrice adulée puis s’est retirée du monde du cinéma, et comment les films qu’elle a tourné font miroir à sa propre histoire.

Le film est beau, émouvant, et trouve une conclusion magnifique. Simplement.

Perfect Blue (1997)


Perfect Blue est, en omettant le segment Magnetic Rose (Kanojo no Omoide) de l’omnibus Memories de Katsuhiro Otomo, le premier film qu’a réalisé Satoshi Kon, basé sur le roman de Yoshizaku Takeuchi.

Et dieu, quelle claque ce film est. Perfect Blue est un thriller absolument génial tant il est prenant et dérangeant. Il narre l’histoire de Mima, une jeune idol qui décide un jour de quitter le groupe de musique auquel elle appartient pour devenir actrice, sur les conseils d’un de ses deux managers. Problème, ce choix ne plait pas à tout le monde, et particulièrement pas à l’un de ses fans (la représentation parfaite de l’otaku flippant)… Second problème, Mima elle-même n’est pas particulièrement heureuse de cette reconversion, et lorsqu’elle trouve sur le net un site qui semble avoir bien trop d’informations privées sur elle et que des incidents étranges se produisent alors que son travail devient de plus en plus désagréable, elle sombre peu à peu dans la paranoia…

Au niveau de la mise en scène, Perfect Blue utilise clairement les mêmes mécanismes que Millennium Actress (en fait l’inverse), mais dans un but complètement différent. Là où dans Millenium Actress on se demande quelle scène est un film et quelle scène est un véritable flashback, et où ce procédé est utilisé pour rendre l’histoire de Chiyoko plus émouvante encore, Satoshi Kon a d’abord utilisé cette mise en scène dans Perfect Blue pour y montrer à quelle point la folie et la paranoia s’emparant de l’héroine deviennnet de plus en plus importantes. On doute de plus en plus de ce que Mima vit, on doute de ce qu’elle dit, on se rend compte en temps que spectateur qu’elle devient un narrateur de moins en moins fiable, mais en tout cas on tremble avec elle…

Perfect Blue est à voir absolument (de préférence pas seul(e) le soir si vous êtes un peu trop sensible me souffle-t-on), et est un excellent premier contact avec les films de Satoshi Kon… Si vous n’avez pas peur d’avoir un choc.

Tokyo Godfathers (2003)


Avant que je ne voie Tokyo Godfathers, on m’avait dit : « Tu vas voir, c’est *vraiment* un film de Noël ! »

Effectivement, loin de l’atmosphère malsaine d’un Perfect Blue ou du récit touchant de Millennium Actress, Tokyo Godfathers est le film de Satoshi Kon le plus léger et le plus drôle, une agréable bouffée d’air frais qui est simplement ça : Un joli conte de Noël. Pas que ce soit une critique du film, loin de là ! Tokyo Godfathers narre l’histoire de trois sans-abris (un alcoolique quadragénaire, un travesti et une lycéenne qui a fait une fugue) qui, la veille de Noël, trouvent un bébé dans les ordures ! S’ensuit alors une quête pour trouver la mère de l’enfant…

Pas de réalisation alambiquée cette fois, Tokyo Godfathers est un film aussi simple que son synopsis l’indique, et même s’il touche quelques thèmes sérieux, il le fait avec légèreté et désinvolture, pour former un résultat « bon », simplement. Tokyo Godfathers est clairement le film le plus accessible de Satoshi Kon, répondant parfaitement à la description de la comédie à voir en famille. Et si le film n’a « que » cette ambition, il réalise parfaitement son objectif et fait passer au spectateur un très agréable moment devant son écran. Un plaisir.

Paprika (2006)


Paprika est finalement le dernier film que Satoshi Kon aura terminé. La sortie récente d’Inception (et le fait que Christopher Nolan ait déclaré avoir parmi ses sources d’inspiration le film de Kon) en a d’ailleurs légèrement fait reparler récemment, car le film parle du même thème : Les rêves.

Adapté du roman de Yasutaka Tsutsui, Paprika se déroule dans un futur proche dans laquelle une machine permettant de s’introduire dans les rêves d’une personne est possible. Les chercheurs ayant développé cette technologie comptent l’utiliser afin de traiter des patients, mais elle est volée et dès lors, c’est la panique : Que pourrait faire un homme capable de s’introduire dans les rêves des autres ? Le docteur Atsuko Chiba, et son alter-ego dans le monde des rêves, Paprika, se lancent à la recherche du voleur…

Paprika est probablement le film le plus confus du réalisateur, qui pourtant, après avoir traité de la folie, la paranoia et des souvenirs, semblait bien parti pour traiter des rêves de la même manière. Pourtant, Paprika est un film bien différent dans le traitement de son histoire de Perfect Blue et Millennium Actress. Ici, pas de doutes sur le fait qu’un événement se produise ou non, pas de pertes de repères du spectateur par rapport à l’histoire. C’est juste que… Les rêves, dans l’univers de Paprika, sont un tel… Bordel ! Pas que ça soit désagréable, le film est une merveille visuellement parlant, mais il est parfois difficile de suivre l’action… Ou même de comprendre ce qu’on est en train de suivre comme action ! Paprika reste un bon film, même s’il est probablement celui que j’ai le moins apprécié.

Avec le grand succès d’Inception en ce moment, c’est le moment idéal pour découvrir Paprika, un film dans lequel les rêves sont bien plus fantasmagoriques, étranges et bien moins terre à terre que dans le film de Christopher Nolan. A noter que le roman de Paprika a été traduit en anglais, à tenter.

Et maintenant, comme beaucoup à la suite de l’annonce de la mort de Satoshi Kon, je m’en vais revoir un de ses films ou découvrir ce que je n’ai pas encore eu l’occasion de son travail (la série Paranoia Agent, son segment de Memories, son manga Kikaisen), en attendant une annonce de Madhouse par rapport à Yume-miru kikai, le film sur lequel Satoshi Kon travaillait (où en était sa production ? Le film était-il suffisamment avancé ou Satoshi Kon a-t-il laissait assez d’indications pour que le film puisse repris sans lui ? Est-ce la volonté du reste de l’équipe ?).
Edit : Comme le souligne mt-i dans les commentaires, le message d’adieu de Satoshi Kon laisse entendre que tout sera fait pour que le film soit terminé.

Il ne me reste plus qu’à souhaiter à Satoshi Kon de reposer en paix maintenant qu’il est parti pour son dernier voyage, malheureusement bien trop tôt.

Perfect Blue, Tokyo Godfathers, Millennium Actress, Paprika, Paranoia Agent et Memories sont tous disponibles en France. Pour la liste complète des travaux de Satoshi Kon, je vous invite à consulter ANN ou encore Wikipedia.

http://www.animenewsnetwork.com/encyclopedia/people.php?id=1161
FFenril Écrit par :

Otaku. Gamer. Guitariste amateur. En live Twitchpresque toutes les nuits à partir de 0h! (((o(*°▽°*)o)))

9 Comments

  1. 25 août 2010

    Faudra tuer qui ensuite pour te faire blogguer ? :o

  2. MimS
    25 août 2010

    Fallait qu’il soit l’un des derniers acteurs intéressants de la scène de l’animation jap, du coup, elle meurt encore un peu plus en perdant Satashi Kon…

    ‘Fin bref, RIP!

  3. 25 août 2010

    Et c’est aussi l’un des membres emblématiques de la JANICA qui disparait.

    J’espère que Dream Machine verra le jour, ce serait le plus bel hommage qu’on puisse lui faire.

    Parmi ce que tu n’as pas vu, je te conseille Magnetic Rose, son segment de Memories. (Tout l’omnibus est à voir)

  4. 25 août 2010

    :'(

  5. 25 août 2010

    Concernant Yume miru kikai, son message d’adieu laisse clairement entendre que tout sera fait pour finir le film.

  6. 25 août 2010

    Trop triste nouvelle :/ grande fan de Paprika ….
    c’est une grosse perte ! et comme aflopouf j’espere que the dream machine sortira un jour !

  7. 25 août 2010

    Merci pour l’information mt-i, j’ai édité l’article ^^

  8. QCTX
    28 septembre 2010

    Je profite de ton nouvel article pour te féliciter de ta recommandation. je viens de finir Paprika en roman et… ‘tain de claque !
    On y rencontre une Paprika un poil plus adulte et beaucoup moins « tout public » : elle couche avec ses clients, il est question de viol, les méchants sont psychopathes et religieux, le premier mort est enfermé dans une cave et les DC-mini ne ressemblent plus à des serre-tête ondulés, mais à des mines de crayons (nettement moins visibles).
    Quelques petits changements donc qui en font une lecture déconseillée à qui n’a pas vu au moins le film.

  9. 28 septembre 2010

    Merci pour l’information, je vais commander ça aussi :)

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