5cm/s, « retourne-toi, Akari »

Attention, cet article spoile allègrement et sans vergogne tout 5cm/s de Makoto Shinkai :)

Byôsoku 5 centimeter, sorti internationalement sous le nom de 5 centimeter per second et que j’appellerai dans cet article 5cm/s, est un film de Makoto Shinkai est sorti il y a maintenant plus de 5 ans au Japon. Depuis l’auteur a eu le temps d’aller vivre un moment en Angleterre avant de réaliser son nouveau film, Hoshi wo Ou Kodomo / Children who chase voices from deep below / Voyage vers Agharta.

Profitant de l’actualité du réalisateur, Kazé vient de sortir un blu-ray français de ce 5cm/s, permettant enfin de profiter correctement d’un film aux visuels magnifiques. L’occasion pour moi de revoir le film, que je n’avais pas revu depuis un moment.

On a beaucoup parlé de 5cm/s,  et notamment de son format : 3 courts métrages clairement séparés (on a un saut de plusieurs années entre chaque) formant un long-métrage (de 62 minutes), pour un ensemble qui constitue « a chain of short stories about their distance« . Un format qui a ses avantages et ses inconvénients. Passons rapidement sur le fait que seule la première partie du film ait été disponible dans un premier temps à cause d’une diffusion avant même la sortie en salles japonaises par Yahoo! Japan, qui a créé du côté des spectateurs de l’époque une impression de voir 1+2 OVAs séparées et pas un tout cohérent et complet, et concentrons nous sur le film en lui-même.

La séparation en trois parties claires de 5cm/s (Ôkashô, Cosmonaut, 5cm/s) pose de gros problèmes au film. Difficile d’adhérer de manière identique aux 3 récits qui sont proposés. Prenons le second : c’est le plus incroyable, visuellement parlant. Une vraie merveille. Mais… c’est aussi celui qui parle le moins du sujet central du film, le moins important. En le revoyant, un point de Cosmonaut me gêne particulièrement : le moment le plus fort de ce short qui est finalement « l’histoire de Kanae », n’est pas celui où elle abandonne l’idée de déclarer ses sentiments à Takaki, mais plutôt celui où, et pour la seule fois du short, il devient narrateur. Ce qu’il dit ? « Mais depuis quand est-ce que j’écris des mails qui n’ont pas de destinataire ? », indiquant au spectateur que la douce relation à distance à laquelle, comme Kanae, il pensait assister… n’existe pas. Tout à fait dans la logique du film de cette « chaine d’histoire à propos de leur distance »… mais beaucoup moins dans celle de ce « Cosmonaut » .

Pourquoi dois-je prendre Cosmonaut en exemple pour montrer le problème de 5cm/s en tant que film ? Parce que j’adore ce film, j’adore les deux autres  morceaux, mais que je dois bien admette que le bout central suffit à faire perdre un peu à la cohésion de l’ensemble.

Du coup, en mettant ça de côté, il ne me reste plus qu’à vous parler de mon bonheur devant Ôkashô et 5cm/s. Ôkashô, et son interminable voyage entrecoupé de flashbacks, qui laisse le spectateur aussi dévasté que Takaki par le retard de son train, par les éléments qui semblent se liguer contre lui, par la neige qui tombe et tombe alors que l’heure de son rendez-vous est passé depuis longtemps. Ôkashô et les retrouvailles, enfin, de Takaki et Akari tard ensuite, avant que ce dernier ne déménage encore plus loin. Ôkashô et sa scène d’ouverture au milieu des pétales de cerisier, alors qu’un train passe entre les deux jeunes enfants que sont les protagonistes, miroir de ce que sera la conclusion.

Et surtout… titre de cet article, 5cm/s, conclusion du film qui porte le même nom, et qui montre un Takaki et une Akari adultes, et qui ont fait leurs vies séparément.

5cm/s est vraiment la plus simple des conclusions.

Un jour, à un passage un niveau, Takaki croise Akari…

et il se retourne…

et des flashbacks se jouent, montrant peu à peu ce qu’ils sont devenus, qu’il est resté obsédé par « quelque chose »… et alors qu’ils repensent chacun vaguement à l’autre se lance One More Time, One More Chance, thème du film, au rythme duquel ce final est entièrement pensé…

(Vous êtes priés de bien vouloir lancer la musique pour terminer l’article)

et on revient à ce passage à niveau, où Takaki se retourne…

alors qu’Akari esquisse le même mouvement…

quand entre eux, passe un train…

Puis un second train…

révélant, après leur passage, qu’elle a continué son chemin.

5cm/s a pour thème la distance entre les deux protagonistes, et le simple fait qu’avec le temps et la distance, les deux partiront sur des chemins opposés. Les quelques images finales suggèrent bien évidemment que Takaki est finalement prêt à avancer dans sa vie, débarrassé de son obsession pour cette fille qu’il avait à l’esprit depuis toujours. C’est au final ce qu’annonce le film dès qu’on a lu son sous-titre, et son déroulement jusqu’à sa conclusion est on ne peut plus logique.

C’est l’essence même du film, que ce passage final.

Mais bêtement, malgré cette logique, malgré tout ce qui est présenté dans le film…

N’avez-vous pas, vous aussi, souhaité qu’Akari se retourne ?

FFenril Écrit par :

Otaku. Gamer. Guitariste amateur. En live Twitchpresque toutes les nuits à partir de 0h! (((o(*°▽°*)o)))

9 Comments

  1. 3 avril 2012

    Perso j’esperais plus ou moins que Akari soit presente apres le passage du train mais en fait je suis infiniement plus satisfait qu’elle ne soit plus la.

    Je crois que j’ai une certaine affection pour les romances qui ne se concluent pas de facon positive~

  2. 3 avril 2012

    C’est là toute « l’horreur » du final, j’ai envie de dire. Tu ne peux pas t’empêcher d’espérer qu’elle se retourne, mais au fond de toi tu sais très bien qu’elle ne le fera pas, parce qu’on s’est tous (?) plus ou moins déjà retrouvé dans une situation similaire et parce que le final ne fût pas positif et niaiseux…
    Shinkai doit avoir un passif plein de souffrance lié à des déménagements, ou un truc comme ça x)

  3. 3 avril 2012

    J’ai presque envie de dire que c’est tout là, l’œuvre de Shinkai, du moins, de ses deux derniers films.
    Pour moi on fait clairement face à une forme de Carpe Diem, il suffit de rajouter Kanae (celle du deuxième chapitre… pas Itô !) à l’équation pour s’en persuader. Et c’est en ça que Cosmonaut est intéressant : si Takaki avait ouvert les yeux plus tôt, il aurait peut-être eu une adolescence plus heureuse et riche en sentiments. Je trouve que la séparation du film en trois chapitres lui permet de ne pas perdre ses spectateurs en compensant le rythme contemplatif de l’ensemble. Là où il y a perte de repères, il y a renouvellement de l’intérêt : « Que s’est-il passé ? Où l’action se passe-t-elle ? Qui sont ces personnages ? », peut-être ce qui manque à Hoshi wo Ou Kodomo.

    Au final, Hoshi wo Ou Kodomo reprend ce thème de façon peut-être plus claire et évidente, bien qu’il se serve avant tout de la mort, au lieu de distance « pure ».

    Sinon, tout le monde, dans le feu de l’action a, je pense, espéré qu’Akari se retourne et le fait que ce ne soit pas le cas est totalement cohérent avec l’œuvre.

  4. 3 avril 2012

    Personnellement, j’ai beaucoup aimé ce film.
    Par contre, au contraire, j’aurai aimé qu’il y ait une happy end.
    Et par « happy end », je ne dis pas qu’ils doivent se mettre ensemble mais qu’ils aient une conversation, au moins. Qu’ils se disent « Bon, on a fait nos vies chacun de notre côté, c’est pas demain qu’on va se mettre ensemble. Adieu. » Ou un blabla du genre. Là, comme ça, ça fait inachevé. Mais en soi, c’est peut-être le fait qu’elle soit inachevée qui donne à ce film un certain charme. :/ Argh ! Mal à la tête !

  5. 3 avril 2012

    Pour avoir acheté le blu-ray il y a quelques semaines, j’ai regardé les petits bonus et entre autres l’interview de Shinkai. Il explique bien que son idée principale, c’était certes, la distance, mais surtout la vitesse/temps. Le train qui reste bloqué dans la neige, le temps entre chacune des lettres, le temps qui s’écoule lentement pendant l’école et finalement. D’où le titre de l’œuvre qui a un rapport à la vitesse et non à la distance.

  6. 3 avril 2012

    Je trouve quand même que « 5cm/s », même si je l’ai bien aimé, est un peu surestimé/surévalué.
    Tu as soulevé le gros problème, l’inégalité des trois épisodes, ce qui déséquilibre pas mal l’histoire au risque d’amener à un certain ennui dans le second passage ce qui nuit aux idées développées. A mon avis, le très bon ‘premier épisode’ se suffisait à lui seul du fait que la suite n’était pas à ce niveau. Après, coté visuel, c’est un réel plaisir.
    Pour du Shinkai, je lui préfère « La tour au delà des nuages » au scénario plus cohérent et mieux développé.

  7. 4 avril 2012

    pour l’histoire, il ne fallait surtout pas que la jeune femme se retourne.
    car deux possibilités :

    – soit ce n’est pas du tout akari, mais quelqu’un qui lui ressemble. (on ne voit pas son visage)

    – soit c’est bien akari, et en ne se retournant pas, elle lui donne la meilleure preuve d’amour qu’il lui restait à donner. ce qu’ils se sont dit, cette fameuse nuit, est l’apogée de leur amour, et il ne pourront jamais retrouver cet instant. lorsqu’ils étaient proches, enfants, ils n’avaient pas besoin de se déclarer, les choses allaient de soi, et en grandissant, elles auraient fini par se faire… ou pas. avec la rupture, la distance et l’absence, sont nés un amour pur, issu de ces circonstances-là, qui s’est consumé en une seule nuit. en ne se retournant pas, elle lui apprend à regarder cet amour tel qu’il est : un moment de pure magie, impossible à reproduire. et elle le libère définitivement.

    le film s’achève sur le même motif qu’au début, la parenthèse enchantée est refermée.

  8. 4 avril 2012

    (ça y est, ta boite libre 360 a recraché le blu-ray du film ?)

    Comme tout le monde je l’ai attendu, le montage est fait de telle manière qu’on ne peut qu’y croire, c’est imparable.
    Mais au fond, une fois le film digéré et les émotions calmées, je me suis demandé si ça aurait été pour le mieux qu’elle se retourne. Leur relation est morte à petit feu, c’est un signe qu’entre eux ça ne collait pas, là qu’est-ce qu’ils se seraient dits à part un « salut, qu’est-ce que tu deviens ? » et quelques banalités un peu génées ? Au fond en étant libéré du spectre de son premier amour il y gagne bien plus qu’en la revoyant et peut-être retombant amoureux d’une fille qu’il n’a su oublier.

    Caziro > pas vraiment un Carpe Diem (« profite du jour »), philosophie qui aurait été valable justement quand il était « en couple » avec Akari, mais plus un « vis avec ça car c’est aussi une part de toi » qui le libère et lui permet de vraiment repartir de l’avant.

  9. 5 avril 2012

    Comme je te le disais, de toute s’ils avaient renoue, on aurait eu un prologue qui nous aurait annonce que de toute facon leur histoire n’aurait pas marche heh. :3

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